La ville de Beni, située dans le Grand Nord de la province du Nord-Kivu, a connu une matinée tendue ce mardi 15 octobre 2024. Une atmosphère de psychose règne depuis les premières heures de la journée, marquée par des manifestations de la population locale. Les habitants protestent contre les dix années de massacres qui ont endeuillé cette région, réclamant justice et des actions concrètes pour mettre fin à l’insécurité.
Ce mardi, les habitants de Beni et ses environs ont observé une journée sans activités pour commémorer les dix ans des violences meurtrières dans cette partie du Nord-Kivu. Depuis 2014, la population de Beni vit au rythme des attaques répétées des groupes armés, en particulier des rebelles des ADF (Allied Democratic Forces), qui ont coûté la vie à des milliers de civils. En ce jour symbolique, la population exprime sa douleur et son ras-le-bol face à l’inaction des autorités pour restaurer la paix dans la région.
Selon des sources locales, les manifestants ont lancé plusieurs revendications à l’égard du gouvernement et des autorités militaires. En premier lieu, ils demandent la levée de l’état de siège, en vigueur depuis mai 2021, qu’ils jugent inefficace pour résoudre la crise sécuritaire. Ils estiment que cet état d’exception, censé renforcer les opérations militaires et restaurer la paix, n’a fait que prolonger l’insécurité dans la région.
En outre, les protestataires appellent l’armée congolaise à intensifier ses offensives militaires contre les groupes armés, en particulier les ADF et les rebelles du M23, qu’ils accusent de déstabiliser le territoire. Ils refusent catégoriquement toute idée de négociation avec le groupe M23, qu’ils considèrent comme un instrument de déstabilisation régionale, lié au Rwanda.
À la base de cette manifestation se trouve le collectif des mouvements citoyens et groupes de pression de Butembo-Beni-Lubero, qui a lancé un appel à la mobilisation pour marquer ce triste anniversaire. Les manifestants ont exprimé leur solidarité avec toutes les victimes des massacres perpétrés dans la région et ont réitéré leur demande d’une intervention plus musclée des forces armées congolaises (FARDC) contre les groupes rebelles.
En ce moment, la ville de Beni reste sous haute tension. Les commerces, les écoles et les bureaux publics sont restés fermés, tandis que les forces de sécurité sont déployées dans plusieurs quartiers pour contenir la situation. Les autorités locales n’ont pas encore réagi publiquement aux revendications des manifestants, mais la population attend avec impatience des mesures concrètes pour sortir de ce cycle de violence.
Abiël Bushoki