La situation sécuritaire dans les territoires de Lubero et Masisi, au Nord-Kivu, continue de se détériorer alors que les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise (RDF), ont pris le contrôle de plusieurs localités stratégiques dans la région. Ce dimanche 3 novembre, les insurgés se sont emparés de l’agglomération de Kamandi Gîte, située à plus de 130 km au nord de Goma, dans le territoire de Lubero, après avoir mené une offensive de grande envergure contre les positions des forces Wazalendo.
Située au bord du Lac Édouard, Kamandi Gîte revêt une importance stratégique pour les groupes armés qui cherchent à établir une voie vers le territoire de Beni. En s’emparant de cette agglomération, le M23-RDF sécurise une position avancée qui pourrait lui offrir un accès direct vers des zones encore sous contrôle de l’armée congolaise (FARDC). Selon des sources locales, cette prise a été marquée par des affrontements violents entre les rebelles et les Wazalendo.
L’offensive a provoqué de nouveaux déplacements massifs de populations. Des habitants de Kamandi Gîte et des localités environnantes fuient les combats, craignant des exactions et une recrudescence de la violence. Les autorités locales, pour leur part, se disent préoccupées par l’absence de renforts militaires et appellent à une réponse rapide de Kinshasa.
Pendant que les tensions montent à Lubero, des combats ont également été signalés dans le territoire voisin de Masisi, notamment dans la localité de Kahira, groupement Bashali Mokoto, chefferie des Bashali. Les habitants rapportent des tirs nourris, y compris des échanges à l’arme lourde, qui ont semé la panique parmi la population. Plus au nord, des détonations ont également été entendues à Kamandi Port, une autre zone stratégique du territoire de Lubero.
Ces affrontements simultanés témoignent d’une intensification des hostilités sur plusieurs fronts, signe d’une nouvelle offensive coordonnée du M23-RDF visant à étendre son emprise territoriale au Nord-Kivu. Dernièrement, c’est le territoire de Walikale qui a connu les attaques du M23-RDF à partir desquelles, plusieurs agglomérations sont passées sous contrôle rebelles.
Ces événements interviennent dans un contexte diplomatique tendu. Le processus de Luanda, censé pacifier la région et faciliter le désengagement des forces étrangères, a récemment enregistré une avancée importante. Les experts militaires de la RDC et du Rwanda ont convenu d’un plan pour le retrait des troupes étrangères et la neutralisation des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Cependant, ce plan doit encore être approuvé par les ministres lors d’une prochaine rencontre à Luanda, prévue pour le 16 novembre prochain.
L’escalade de violence initiée par le M23-RDF remet en question la viabilité de cet accord. D’un côté, la RDC espère voir le processus de désengagement aboutir et ainsi renforcer la stabilité dans la région. De l’autre, les incursions du M23-RDF pourraient aggraver la méfiance entre Kinshasa et Kigali, fragilisant les efforts de paix menés sous l’égide de la communauté internationale.
En dépit des efforts diplomatiques en cours, la situation sur le terrain montre clairement que les populations civiles restent les premières victimes de ce conflit qui semble loin de trouver une issue. Les regards se tournent désormais vers la prochaine rencontre de Luanda, avec l’espoir qu’un accord solide puisse être trouvé pour soulager la souffrance des civils et amorcer un véritable processus de paix au Nord-Kivu.
La rédaction