Une onde de choc a frappé la ville de Butembo, située dans la province du Nord-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), où cinq jeunes filles atteintes de handicap mental ont été mises enceintes en l’espace d’un mois. Ce drame, révélé par une association locale de défense des personnes vivant avec handicap (PVH), a soulevé l’indignation de la communauté et relancé le débat sur la protection des personnes vulnérables, particulièrement celles en situation de handicap.
Le coordinateur de l’association, Kakule Mumbere Jean-Paul, a tiré la sonnette d’alarme sur ce phénomène troublant, dénonçant non seulement l’absence de justice pour les victimes, mais aussi le silence des autorités. « Ces jeunes filles, du fait de leur état mental, ne peuvent ni désigner leurs agresseurs ni témoigner des circonstances de leur agression. Cela complique énormément les enquêtes et favorise l’impunité des auteurs de ces crimes », a-t-il déploré lors d’une interview avec les médias locaux.
L’absence de condamnation des coupables, souvent non identifiés, alimente un sentiment de frustration au sein de la population. Selon Kakule Mumbere, l’incapacité des autorités à réagir de manière adéquate expose les filles vivant avec un handicap mental à une exploitation systématique. « Ce sont des filles extrêmement vulnérables, et leur condition mentale les place dans une position où elles ne peuvent ni se défendre ni dénoncer ce qui leur arrive. Cette impunité doit cesser », a-t-il martelé, appelant à une mobilisation des autorités judiciaires pour traduire les responsables en justice.
Malgré la gravité de la situation, aucune arrestation n’a été effectuée à ce jour, laissant les familles des victimes dans une attente désespérée de justice. L’association de défense des PVH insiste sur la nécessité d’une enquête approfondie pour identifier les coupables et renforcer les mesures de protection en faveur des personnes en situation de handicap.
Outre les actes d’abus sexuels, l’association a mis en lumière un autre problème majeur : l’absence de structures d’accompagnement pour les personnes en situation de handicap à Butembo. Ce vide institutionnel exacerbe la marginalisation des personnes handicapées, les exposant davantage à des abus. « Le manque d’accès aux soins, aux services sociaux, et aux dispositifs de protection adaptés est une problématique qui contribue à cette situation déplorable », souligne Kakule Mumbere.
La situation des personnes vivant avec un handicap en RDC, et particulièrement dans les zones touchées par les conflits, est souvent caractérisée par la négligence et l’exclusion. Elles sont rarement prises en compte dans les politiques publiques, et le peu de structures existantes manquent de ressources pour répondre aux besoins spécifiques de ces populations vulnérables.
Face à cette crise, l’association de défense des PVH appelle à une action rapide et concertée de la part des autorités locales et nationales. « Nous demandons que des actions soient immédiatement mises en place pour sécuriser les personnes en situation de handicap et punir sévèrement les responsables de ces actes ignobles. Il est inacceptable que des filles soient abandonnées à leur sort dans un pays qui se veut respectueux des droits humains », a déclaré le coordinateur.
L’association appelle également les organisations de défense des droits humains à se joindre à cet appel pour garantir la sécurité des PVH et renforcer les mécanismes de prévention contre les abus. Des campagnes de sensibilisation, ainsi que des programmes d’éducation destinés aux familles et aux communautés, sont également jugés nécessaires pour lutter contre la stigmatisation et l’exploitation des personnes handicapées.
Munguiko Masudi Olivier