Un nouveau contingent de casques bleus indiens de la MONUSCO a été déployé à Kitshanga, dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu), pour remplacer leurs homologues marocains. Cette décision suscite de vives réactions au sein de la population locale ainsi que parmi les élus du territoire, qui soulèvent des préoccupations quant à la sécurité et à l’intégrité des opérations des Nations Unies dans la région.
Kaurwa Bazungu Romain, député provincial du Nord-Kivu et originaire de Masisi, s’est exprimé ouvertement contre cette mesure. Au cours de son interview à Estinfo jeudi 17 octobre, il a exprimé son incompréhension face à ce redéploiement des troupes indiennes dans une zone toujours marquée par l’insécurité. Selon lui, cette décision est d’autant plus alarmante que des accusations de malversations avaient été portées contre les casques bleus indiens lors de leur précédent déploiement dans la région. Il a également rappelé que ces accusations avaient suscité une vague de manifestations en 2022, et que la population locale n’avait pas oublié ces événements.
Ce député provincial appelle ainsi à une vigilance accrue et exhorte les autorités à revoir cette décision, qu’il estime potentiellement dangereuse pour la stabilité de la région. Il souligne que la crise sécuritaire que traverse le Nord-Kivu nécessite une coopération internationale basée sur la transparence et la confiance mutuelle, deux éléments qui, selon lui, font défaut avec ce contingent indien.
Kitshanga, située au cœur du territoire de Masisi, reste une zone stratégique dans le conflit armé qui secoue le Nord-Kivu. Cette région, théâtre de combats entre forces gouvernementales, groupes rebelles et milices locales, est également un point névralgique pour les opérations de la MONUSCO, dont la mission est de protéger les civils et de soutenir la stabilisation du pays. Cependant, le rôle controversé de certaines unités de la MONUSCO, notamment les forces indiennes, a mis à mal la confiance entre les populations locales et les troupes onusiennes.
Les accusations portées contre certains casques bleus, notamment en ce qui concerne le trafic de ressources naturelles, ont affaibli la crédibilité de la mission dans certaines zones, en particulier à Masisi et Rutshuru. La situation reste tendue, et ce nouveau déploiement pourrait raviver des tensions latentes.
Face à ces préoccupations, les autorités locales et la MONUSCO sont attendues pour clarifier les raisons de ce redéploiement et les mesures prises pour éviter toute forme de dérive. Dans un contexte où la coopération entre la MONUSCO et les communautés locales est cruciale pour le maintien de la paix, des explications détaillées et des garanties de transparence pourraient contribuer à apaiser les craintes exprimées par les élus de Masisi.
La rédaction
Masisi : des casques bleus indiens de la Monusco de retour à Kitshanga en remplacement des marocains, des voix s’élèvent !
By estinfo.org
