Le procès lancé par la République démocratique du Congo (RDC) contre le Rwanda devant la Cour de justice de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) s’ouvre ce jeudi 26 septembre à Arusha, en Tanzanie. Kinshasa accuse Kigali d’agression et de crimes de guerre dans l’est de son territoire, perpétrés par l’intermédiaire de la rébellion du M23, un groupe armé très actif dans la province du Nord-Kivu. Ce procès marque une étape cruciale dans la quête de justice pour la RDC, qui subit depuis plusieurs années une instabilité liée aux conflits dans cette région.
Le gouvernement congolais accuse Kigali de « violation de sa souveraineté et de son intégrité territoriale » par le biais de ces opérations militaires indirectes, et demande réparation pour les crimes de guerre commis, tels que les massacres, les viols, et les pillages dans les zones affectées. Le vice-ministre de la Justice et du Contentieux, Samuel Mbemba, a été dépêché pour représenter la RDC dans cette affaire, réaffirmant l’espoir de Kinshasa d’obtenir une condamnation contre le Rwanda et des indemnisations pour les victimes.
L’ouverture du procès ce jeudi va commencer par une procédure préliminaire visant à déterminer si la Cour de justice de l’EAC est compétente pour juger cette affaire. Cette question de compétence est essentielle, car elle pourrait conditionner la poursuite du procès sur le fond. Pour Kigali, représenté par deux juristes envoyés par le Garde des Sceaux et Attorney General Emmanuel Ugirashebuja, il est crucial de démontrer que cette juridiction n’a pas les prérogatives nécessaires pour traiter de ce dossier, notamment en raison de la dimension internationale du conflit.
En effet, le Rwanda dénonce ce qu’il qualifie de « gesticulations judiciaires » et de « manipulations politiques » de la part de Kinshasa. Le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, a vigoureusement critiqué l’attitude de la RDC, déclarant que Kinshasa devrait d’abord rendre justice aux victimes des FARDC et des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) avant de s’ériger en donneur de « leçons de justice ».
Ce procès, au-delà des considérations judiciaires, reflète une tension géopolitique persistante entre la RDC et le Rwanda, deux voisins dont les relations ont souvent été marquées par des différends sur la question de la sécurité frontalière et des accusations réciproques d’ingérence.
L’issue de ce procès aura des répercussions majeures non seulement sur la relation entre ces deux pays, mais également sur la stabilité de l’ensemble de la région des Grands Lacs. Si la Cour de l’EAC se déclare compétente, le dossier pourrait encore prendre des mois, voire des années, avant de connaître une issue définitive.
La rédaction