Butembo, une ville dynamique du Nord-Kivu, connaît une recrudescence notable de divorces. Au cours du premier semestre de 2024, plus de 20 dossiers de divorce ont été enregistrés dans les quatre communes de la ville, sans compter les démarches coutumières. La majorité de ces demandes proviennent de jeunes femmes. Cette révélation a été faite par KHYBONDO THALYA Dominique, greffier titulaire du tribunal de paix de Butembo, lors d’une interview exclusive accordée à www.estinfo.com.
Rencontré dans son bureau, M. KHYBONDO a expliqué que le tribunal de paix de Butembo traite fréquemment des demandes de divorce, la plupart émanant de jeunes couples. « Un bon nombre de filles à Butembo rêvent de se marier, tout en ne sachant pas supporter le poids du foyer », a-t-il déploré. Il rappelle que le mariage est un processus long qui inclut des hauts et des bas, la santé et la maladie.
Par ailleurs, M. KHYBONDO invite les jeunes à bien connaître leur partenaire avant de s’engager. « Étudiez le comportement, les origines familiales, les motivations au-delà de la beauté, qui trompe souvent les jeunes », a-t-il préconisé. Il souligne également l’importance de demander la bénédiction divine avant de choisir un conjoint pour éviter les dissolutions de mariage.
L’Église catholique, représentée par l’abbé Kambale Kibonde Oswald, aumônier de l’Union de la Jeunesse Catholique du diocèse de Butembo-Beni, réitère que le mariage est un sacrement indissoluble institué par Dieu. « Nul ne peut séparer ce que Dieu a uni. Et tout mariage finit à la mort de l’un des conjoints », a-t-il affirmé, s’appuyant sur les enseignements bibliques. L’abbé KIBONDE décourage les démarches de divorce en raison des conséquences négatives pour les enfants et des coûts financiers élevés. Il préconise la réconciliation malgré les conflits conjugaux.
Les raisons des divorces sont multiples : incompréhension, infidélité ou autres critères. Cependant, maître MAGUY BANZA, responsable du collectif des Femmes Juristes de Butembo, rappelle que le divorce est une décision judiciaire et n’est pas accordé simplement. Elle insiste sur la nécessité d’explorer toutes les solutions possibles pour résoudre les différends conjugaux avant de recourir au divorce.
En conclusion, l’augmentation des cas de divorce à Butembo et dans la région est majoritairement attribuée à la mentalité locale. « La communauté n’a pas été éveillée sur la question de divorce », regrette maître BANZA. Elle confirme que le divorce est un droit civique et que, selon la loi congolaise, une fois accordé, les ex-conjoints sont libres de se remarier.
Il est à noter que le service de l’état civil dans les quatre communes de Butembo peut enregistrer plus de 100 mariages par jour, certains ne durent même pas six mois.
John Matata
