Nord-Kivu : le désarroi des enseignants du territoire de Masisi face à l’insécurité et aux conditions de vie précaires

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Dans un contexte d’insécurité croissante dans le territoire de Masisi, Exaucé Bandu Bauma, président de la Force Syndicale Nationale des Enseignants (FOSYNAT), tire la sonnette d’alarme sur les conditions extrêmement difficiles que traversent les enseignants de cette région, dans la province éducationnelle Nord-Kivu 3.

Dans son entretien avec notre rédaction, Exaucé Bandu Bauma décrit la misère qui sévit dans le secteur éducatif, aggravée par la présence des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Les enseignants, qui avaient dû fuir leurs écoles en raison des violences, vivent aujourd’hui sous une menace constante. Ils font face à des arrestations arbitraires en raison du refus de l’ancienne carte d’électeur, la nouvelle carte d’électeur leur étant inaccessible, du fait que l’enrôlement n’avait pas été effectif dans le territoire de Masisi en raison de l’insécurité. « Certains enseignants sont arrêtés, parfois en plein jour, alors qu’ils cherchent simplement de quoi nourrir leurs familles », déplore-t-il.

La situation est rendue plus difficile encore par la réticence de certaines banques à ouvrir des comptes pour les enseignants, refusant ainsi de leur permettre de percevoir leurs salaires. Ce comportement des banques complique davantage le quotidien des enseignants déplacés, déjà affectés par la précarité et l’insécurité.

Par ailleurs, le territoire de Masisi est partiellement privé de connexion mobile depuis plus d’une année. Cette déconnexion empêche toute communication efficace entre les autorités éducatives, telles que le PROVED, l’IPP, et les sous-proveds, et leurs agents, notamment lors des convocations des réunions d’urgence. En conséquence, les enseignants se retrouvent isolés, et ceux qui perçoivent leur salaire via des services de transfert mobile, tels que M-Pesa, subissent des vols perpétrés par des individus non identifiés.

Ce manque de réseau plonge les enseignants dans une frustration grandissante, jusqu’à comparer leur métier à un « fromage métallique » difficile à avaler, une expression imagée qui illustre l’amertume d’une profession exercée dans des conditions extrêmes.

Face à cette situation, Exaucé Bandu Bauma en appelle aux autorités compétentes, et particulièrement au ministre des Télécommunications, pour rétablir le réseau de téléphonie mobile, afin de faciliter non seulement la vie des enseignants, mais aussi celle de toute la population. Il rappelle que les enseignants, exténués par cette situation, pourraient recourir à une grève pour se faire entendre si des solutions ne sont pas rapidement mises en place.

Le président de la FOSYNAT dans le territoire de Masisi, souligne enfin le silence imposé aux députés provinciaux depuis trois ans, ce qui prive les enseignants d’un relais institutionnel pour faire remonter leurs doléances. Face à la gravité de la situation, il appelle à une prise de conscience et à une action immédiate pour soulager les éducateurs de Masisi, qui continuent, malgré tout, à se dévouer pour l’avenir des jeunes du territoire.

Jérémie Kabali

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